Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :
« Face à la musique de Schubert, les larmes coulent sans questionner l’âme auparavant, puisqu’elle se précipite sur nous avec la force même de réalité, sans le détour de l’image. Nous pleurons, sans savoir pourquoi ; parce que nous ne sommes pas encore tels que cette musique nous promet d’être, mais seulement dans… »
Théodore Adorno
Jamais, dans l’œuvre de Schubert, sa musique n’aura entretenu une aussi étroite proximité avec la mort que dans l’Andantino de la sonate pour piano N° 20 en La Majeur (D 959) et l’Adagio du Quintette avec deux violoncelles (D 956), tous deux composés dans les dernières semaines de sa courte existence.
« Berceuse de la douleur ».
C’est ainsi que Brahms avait surnommé le deuxième mouvement Andantino de la sonate N° 20 – D 959 en La majeur. Et l’on comprend pourquoi :
Les premières notes de l’Andantino entament un chant hypnotique, rythmé par le seul pas pesant, las et douloureux, du voyageur résigné. Poignant.
Rien ne semble bouger, pas même…
A propos du Quintette en Ut à deux violoncelles, le grand pianiste viennois, Paul Badura-Skoda, écrit en 2001 :
« Seul celui qui a entrevu l’autre rive du Styx, le fleuve qui enserre le royaume des morts, peut créer une œuvre d’une telle portée. »