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Channel: Perles d'Orphée
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Désirable et sensuelle Manon…

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Vous-souvenez vous de Manon? Manon Lescaut, la charmante héroïne de l’Abbé Prévôt, celle-là même qui a séduit le compositeur Jules Massenet au point qu’il lui aura consacré un opéra et un ballet.

Il y a peu nous la regardions, émus, danser ses derniers instants dans les bras de son amoureux, le chevalier Des Grieux. Sylvie Guillem lui avait prêté ses chaussons.

("Pour l’amour de Manon…")

Avant d’entreprendre son fatal voyage vers la Louisiane avec son malheureux amant, elle brillait des mille éclats de ses charmes et de sa grâce dans les salons parisiens de Madame, où la vertu des demoiselles comptait parmi les plus grandes raretés. Tous les hommes la convoitaient – comme on les comprend – au grand dam de Des Grieux rongé par la jalousie.

Nous l’avons aimée mourante, comment ne l’aimerions-nous pas vivante, o combien vivante!

"L’histoire de Manon", d’où est tiré cet extrait, est le ballet écrit par le chorégraphe britannique Kenneth Macmillan – mort en 1992 – sur un panachage de musiques de Massenet, arrangées et ré-orchestrées.

A l’acte II, Manon arrive à la soirée donnée par Monsieur G.M. Elle est terriblement partagée entre la richesse de son hôte et son amour pour Des Grieux. Toute dédiée à l’irrésistible envie de se laisser admirer et désirer, elle néglige les insistances de son amant l’invitant à le suivre. Et passant, un peu grisée sans doute, de bras d’hommes en bras d’hommes, elle préfère, Narcisse se reflétant sensuellement dans le désir de ses cavaliers, se délecter de son évident pouvoir de séduction auquel d’ailleurs nous ne saurions échapper.

Belle Manon!    -    Merveilleuse Sylvie!

Pour donner un écho français à la présentation de cette vidéo par Gramilano à qui l’on doit sa diffusion (Qu’il en soit remercié!) :

Après avoir rangé ses chaussons de danse classique et avoir consacré sa nouvelle carrière à la danse contemporaine, Sylvie Guillem, en 2011, a créé l’évènement dans le monde du ballet, en acceptant de revenir à l’interprétation d’un de ses rôles les plus fameux, Manon.

Le pari était fort osé, la ballerine étant âgée (qu’elle me pardonne de donner son âge) de 46 ans. Les trois représentations données à La Scala de Milan furent un triomphe.

Cette vidéo en est un témoignage délectable.

Et j’ose croire, Messieurs, que vous ne refuseriez pas un rôle de porteur…



Agathe – second message : encouragements

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Quelques semaines plus tard…

Ma chère Agathe,

Je suis heureux d’apprendre que tu as suivi mon conseil et que tu as décidé de te mettre enfin à la danse. C’est formidable!

Tu me dis que depuis tes débuts, il y a maintenant près de deux mois, les courbatures persistent, toujours plus intenses, et que tu ne peux toujours pas toucher tes pieds en te pliant. Mais tes mains dépassent déjà le milieu de la jambe, c’est bien!

L’équilibre sur les pointes te pose encore quelques problèmes, et tes orteils sont très douloureux, cela ne me surprend pas, mais tout va rentrer dans l’ordre sous peu. Tu ne me parles pas de tes progrès à propos du grand écart, j’en déduis que de ce côté là, tout se passe pour le mieux ; je n’en doutais pas.

Continue ma chère amie, continue.

Pour t’encourager je t’envoie une petite vidéo de Svetlana. Tu vas voir comment avec simplement quelques exercices préparatoires faciles une femme peut s’épanouir avec grâce, jusqu’à se démultiplier. Cela devrait stimuler tes efforts. Encore quelques semaines et tu verras, tu seras, toi aussi, démultipliée… en mille morceaux.

Tiens bon mon Agathe! Tiens bon!


Un arc-en-ciel en enfer

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"Un arc-en-ciel en enfer", c’est le titre d’un billet que votre serviteur vient de publier sur le blog "Les cosaques des frontières", pour faire suite à l’aimable invitation reçue de son animateur Jan – un hollandais aussi francophone que francophile – qui s’est généreusement pris  d’amitié pour "Perles d’Orphée".

Cette première publication fait de moi un "cosaque", bien pacifique en vérité , enrôlé sur ce nouveau blog parmi de talentueux compagnons auprès de qui je chevaucherai botte à botte, une ou deux fois par mois, en musique évidemment. Je ne manquerai pas de vous inviter à prendre part à chacune de mes expéditions. Je sais déjà que le butin sera chargé de "perles" et qu’Orphée n’y sera pas pour rien.

Un clic sur le titre ci-dessous conduit au billet :

"Un arc-en-ciel en enfer" – 1

"Un arc-en-ciel en enfer" – 2

Quatuor fin du temps invitation2Pour un premier billet publié chez "Les cosaques des frontières", avoir choisi de partager le "Quatuor pour la fin du temps" d’Olivier Messiaen, quand on n’est soi-même ni musicien, ni musicologue, qu’on résiste sincèrement à se prétendre mélomane parce qu’on est seulement et simplement un farouche amoureux de la musique et des musiques, est pour le moins osé.

Mais j’ai osé! Parce que au-delà de la profonde et touchante spiritualité qui habite cette œuvre et par-delà la qualité immense du compositeur inspiré qui l’a écrite, – deux raisons bien suffisantes en vérité pour encourager l’audace – ce quatuor est né d’une histoire extraordinaire qui illustre l’incommensurable pouvoir de la musique… même au beau milieu de l’enfer.

La musique n’a jamais été absente des camps, même ceux que l’horreur et la folie des hommes avaient transformés en usines de mort. Certes les bourreaux, eux-mêmes, faisant écho à la phrase de Tolstoï « Là où on veut des esclaves, il faut le plus de musique possible », l’ont utilisée pour ainsi dire comme une arme. Primo Lévi n’avait-il pas nommé « maléfice » ces musiques chargées de scander la marche des « âmes mortes » vers les travaux forcés.

Cependant, les compositeurs et les artistes détenus, n’ont jamais cessé de composer, de jouer ou de chanter pour apaiser leurs souffrances ou forcer leurs espérances. Et cela même quand les conditions de leur enfermement sombraient dans les profondeurs abyssales de l’abjection humaine. Tous, à l’évidence n’étaient pas Messiaen, mais tous, et Messiaen lui-même, ont trouvé dans la musique une énergie vitale qui, pour certains, aura contribué parfois à les sauver du pire ou mieux, à les sauver tout court, et, pour beaucoup d’autres, à les éloigner, ne serait-ce que quelques instants, des atrocités et de la barbarie qui composaient leur quotidien.

J’ai osé aussi, parce que, doté d’une oreille toujours un peu perplexe, voire parfois franchement réfractaire à la musique "contemporaine" – dont tant d’œuvres d’ailleurs sont les créations de quelques illustres disciples de Messiaen – j’ai le plus grand plaisir à me rapprocher des compositions du XXème siècle (plus nombreuses qu’on pourrait le penser) qui me transportent et m’émeuvent avec d’autres références sonores que celles, de plus loin venues, qui ont un peu trop conditionné mes écoutes, et depuis longtemps.

Ce préambule, je l’espère, aidera peut-être au pardon de mon audace!

L’écoute de l’œuvre devrait certainement m’absoudre.


Encore ou bis?

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Il n’est à l’évidence pas de la plus grande originalité de présenter sur son blog la vidéo d’un pianiste en scène interprétant une des œuvres les plus connues de Chopin. Il ne sera donc reproché à personne de réagir aussitôt par un long soupir, doublé, très haut ou in petto, d’un "encore !?" profondément agacé…

Sauf que dans le cas présent cet "encore" serait prématuré, et partant, l’agacement plutôt inadapté. Il y aurait en effet fort à parier qu’après écoute, "encore" change de ton et de sens, et qu’il se transforme finalement en un énorme et enthousiaste "bis!"

Pourquoi? Parce que chez ce jeune pianiste russe de 22 ans, Daniil Trifonov, il y a, comme le dit Martha Argerich – excusez du peu – dans une interview au Financial Times, 

"tout et plus encore".

L’immense dame du piano ajoute :

"Ce qu’il fait avec ses mains est techniquement incroyable. Mais c’est aussi son toucher, il possède à la fois la tendresse, la délicatesse et les attributs du diable. Je n’ai jamais rien entendu de pareil."

Ce garçon fait chanter son clavier comme par le passé un Richter ou un Gilels. Il exprime sa joie de jouer dans une économie de moyens exceptionnelle, on dirait que ses mains sont collées sur les touches, tant son attitude est discrète, mais…

Pour compléter cette phrase restée en suspens il suffit de prêter au talent du jeune Daniil une oreille qui ne manquera certes pas de convoquer sa jumelle aussitôt les premières notes jouées. Le cœur ne devrait pas tarder à suivre. Les adjectifs dithyrambiques risquent de manquer.

 Frédéric Chopin : "Andante spianato et grande polonaise" – Opus 22

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Après cela il est de peu d’importance d’afficher le palmarès de ce pianiste d’exception. On mentionnera seulement qu’il a obtenu en 2011 deux reconnaissances pour le moins prestigieuses :

  • Concours international de piano Arthur Rubinstein à Tel Aviv  : Premier prix, prix de la meilleure performance en musique de chambre, prix de la meilleure performance dans une pièce de Chopin et prix du public.
  • Concours Tchaïkovski à Moscou : Premier prix et Grand Prix (toutes catégories confondues), prix pour la meilleure performance dans un concerto de chambre.

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Et si vous avez crié "Bis" ou "Encore" :

Daniil Trifonov joue pour vous le "Nocturne opus 62 N°1" d’un Chopin au sommet de son art et proche de ses derniers instants.

Pièce romantique s’il en est, ce nocturne est empreint d’un profond mystère ; celui que l’on peut rencontrer sur le chemin d’une intense méditation et que les doigts coulant sur le clavier essaient de transmettre. Elle exige de l’interprète qu’il oublie la partition pour rendre à cette musique la fluidité spontanée et continue de l’improvisation si chère à Chopin.

Daniil a tout pour cela et plus encore!

Bravo!… Encore!… Bis!

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Photographier le bonheur…

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Photographier le bonheur! Ce pourrait bien être un koan, non? Autant attraper un nuage!

Et pourtant, des photographes – pas bien nombreux, en vérité – ont gagné ce formidable pari qui consiste à capter la magie de l’instant où d’une attitude, d’une posture, d’une mimique, s’exhale ce sentiment fugitif de la plénitude d’être qu’on appelle "bonheur".

Répèterait-on sans cesse que la photographie c’est l’art subtil du regard, du cadrage, l’aptitude à saisir la lumière, que l’on n’expliquerait pas comment fixer l’expression du bonheur. Quand on sait que, plus que tout autre, un tel instant est aussi prompt à s’envoler que la mouche qu’on essaie d’attraper, on comprend que le photographe, le plus doué soit-il, doive d’abord posséder ce qui ne peut s’apprendre. Comment, sans cette infinie capacité d’émerveillement qui, le temps d’un souffle, permet de percevoir, de sentir, voire même de pressentir cette fraction d’éternité, pourrait-il espérer un résultat? Sans cette indispensable faculté d’empathie surdimensionnée les vertus de l’artiste, chasseur d’une image du bonheur, pourraient bien, comme souvent, rester vaines, et laisser au hasard le mérite d’un succès.

Pour attraper le bonheur des autres ne faut-il pas déjà soi-même avoir  un jour reçu, comme le don le plus précieux, cette grâce extraordinaire  : l’aptitude au bonheur?

Boubat (1923-1999) autoportrait

Boubat (1923-1999) autoportrait

Les trois photographes "humanistes", comme on les a justement qualifiés, Robert Doisneau, Willy Ronis et Edouard Boubat, avaient en commun ce don d’attraper au vol la spontanéité fugitive de cette expression inconsciente, inattendue, peut-être même parfois inespérée.

Il me semble toutefois que c’est Boubat – pour qui la postérité a été plus discrète – qui, des trois, a le mieux représenté le bonheur. Peut-être parce que l’extrême simplicité de son regard était plus propice à trouver l’âme derrière la forme. Comme Prévert avait eu raison de le qualifier de "correspondant de paix".

Mais en photographie, comme en musique, les mots deviennent vite insuffisants et inutiles quand l’œuvre dit tellement.

Demeure toujours la question de savoir  si, en ces temps là, le bonheur était plus accessible, ou plus visible peut-être, qu’aujourd’hui.

Un clic sur le pêle-mêle ouvre la galerie

Boubat - Amoureux Boubat - Enfants à la vitrine 1948 Boubat - Couple Jeux d'enfants Boubat - Florence sous la neige 1950 Boubat - Jardin Luxembourg 1955 Boubat - Mains d'enfants Boubat - Neige à Central Park - NY 1964 Boubat - Cerisier - Parc de Sceaux 1983 Boubat - Paris 1999 Boubat - Rémi écoutant la mer Boubat3 Boubat - Mexique Boubat - Pont de Brooklyn Boubat Boubat - Plutôt la vie

Méditations

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Cheng - Méditations mort

Quand se tait soudain le chant du loriot
L’espace est empli de choses qui meurent
Tombant en cascade un long filet d’eau
Ouvre les rochers de la profondeur
Le vallon s’écoute et entend l’écho
D’ immémoriaux battements de cœur

Ne laisse en ce lieu, passant
Ni les trésors de ton corps
Ni les dons de ton esprit
Mais quelques traces de tes pas

Afin qu’un jour le grand vent
A ton rythme s’initie
A ton silence, à ton cri,
Et fixe enfin ton chemin

François Cheng

François Cheng – Calligraphe, écrivain, poète… et académicien.

 


Le chant des esprits sur les eaux

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C’est par le chemin de Staubbach, dans l’Oberland bernois, où gronde sans cesse la chute tumultueuse des eaux de la montagne, que j’ai rejoint aujourd’hui "Les cosaques des frontières".

Alors que je faisais là une longue halte pour m’enivrer de ces splendeurs, comme Goethe, quelques siècles plus tôt, j’entendis, moi aussi, le chœur des esprits des eaux. Ils me parlaient des hommes, de leur âme, de leur destinée. Ils chantaient le poème qu’ils avaient jadis inspiré au Maître de Weimar ; Schubert en avait composé la  musique.

J’étais sous le charme, envoûté.

De cet envoûtement, en valeureux cosaque, je fis mon butin. En fidèle compagnon, je me devais au plaisir de le partager.

Votre part vous attend au "Fort Bastiani", le repaire des "cosaques" :

Pour abaisser le pont-levis, cliquez sur le titre ci-dessous :

"Gesang der Geister über den Wassern"

(Chant des esprits au-dessus des eaux)


Triste valse

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Mon premier : Un film américain de 2002, signé Todd Haynes, "Far from heaven" (Loin du paradis), avec une formidable Julian Moore et un étonnant Dennis Quaid, très chaleureusement accueilli à l’époque, par la critique, les spectateurs et les jurys de nombreux festivals de cinéma :

Loin du paradis afficheDans l’Amérique provinciale des années 50 en prise avec son étroitesse d’esprit sur des sujets comme le racisme, le sexisme ou l’homosexualité, une épouse modèle de la meilleure société du Connecticut, Cathy Whitaker, ne se départit jamais de son sourire, quoi qu’il arrive. Même lorsque son couple exemplaire s’écroule, que ses amies lui tournent le dos, Cathy continue d’afficher son large sourire pour donner le change. Mais quand elle comprendra que l’amitié amoureuse qu’elle nourrit pour son jardinier noir, auprès de qui elle découvre une véritable humanité, la plonge dans la dure réalité qui l’entoure, Cathy devra inévitablement l’affronter. Douloureusement.

Dans la lignée des mélodrames de Douglas Sirk ("Tout ce que le ciel permet"), ce film, courageux de Todd Haynes, pose, avec sensibilité et subtilité, une critique acerbe de la mentalité américaine des "fifties", où l’hypocrisie ambiante conduit toujours plus à paraître qu’à être – tendance sans doute renforcée par le macchartysme  de l’époque.

Il donne à Julian Moore – blonde pour la circonstance – l’occasion d’exprimer une fois encore son immense sensibilité d’actrice qui aurait dû depuis longtemps contribuer à mettre entre ses mains l’Oscar qui les a tant de fois frôlées.

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Mon deuxième : Une chanson de Yasmine Levy, sortie en 2009, "Triste valse" :

Yasmin LevyChanteuse israélienne baignée de culture judéo-espagnole, Yasmin Lévy met la chaleur et la profondeur de son timbre vocal au service de mélodies chargées d’histoire et de soleil méditerranéens. La langue espagnole et la réelle qualité musicale des groupes qui l’accompagnent donnent aux ambiances proposées par son chant une densité palpable alimentée avec justesse par le choix d’instruments d’autres lieux et d’autres temps.

"Triste valse" c’est une lettre d’adieu écrite avec l’amertume que laissent vingt années d’une union factice, sans vérité. La lettre que l’on écrit quand, un jour, on comprend la vanité d’une jeunesse évaporée dans les nuages d’une illusion qu’on avait appelée "grand amour".

δ

Mon tout : Une vidéo publiée en mai 2013 sur Youtube – et que je découvre à peine – dans laquelle Yasmine Levy chante "Triste valse" sur un montage, en filigrane noir et blanc, d’images de ce très beau film, "Loin du paradis" qui ne s’était pas du tout éloigné de ma mémoire.

Je ne sais si la chanson a été inspirée par le film, ni si leur association est le résultat d’une véritable production organisée, ou si l’on doit ce montage à un sensible et talentueux alchimiste amateur, comme la toile peut en proposer. Mais ce dont je suis sûr, c’est que la séquence est fort réussie et que cette composition est pleine d’une véritable émotion qui engage volontiers à remercier sincèrement tous ceux qui, de près ou de loin, ont permis qu’elle existe.

Une perle!

Es un triste vals
No es nada más
Lo que quedó de una gran historia de amor
Una canción en una grabación
Para que baile toda la gente
El fin de su amor…
C’est une triste valse
Rien de plus
Ce qui reste d’une grande histoire d’amour
Une chanson sur un enregistrement
Pour que chacun danse
La fin de son amour…


"Chauffe, Simone!" ou le feu au salon…

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Il est fort à parier que dans quelques jours, voire quelques semaines, vos dimanches ne vous inviteront plus à courir la campagne. Transis de froid sur les canapés glacés de vos salons que le soleil aura abandonnés, vous chercherez inévitablement un moyen de vous réchauffer. Voici une suggestion qui pourrait bien vous y aider :

Mettez donc le feu à votre salon!

Oui! La cheminée est une bonne idée. Mais insuffisante. Essayez plutôt ma proposition :

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D’abord invitez une jeune femme sensuelle, de préférence rousse… incendiaire, cela va de soi. Explosive, évidemment, surtout si vous choisissez une bombe baroque. Et si vous avez décidé que ce serait la "prima donna" du genre, Simone Kermes, l’incendie se fera aussi feu d’artifice.

Dès les premiers crépitements soufflez fort, et de tous côtés pour attiser le feu naissant! "Agitée par deux vents",  telle la Costanza de Vivaldi dans "Griselda",  la femme flamme s’enhardira généreusement. Prenez garde de ne pas vous brûler!

Allez, chauffe Simone!

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La chaleur catalyse la métamorphose ; Costanza se transformerait en Armida, reine de Damas et magicienne. Il ne serait pas surprenant, pour grossir l’incendie, qu’elle appelle à son aide les "furies terribles" qu’elle sollicitait déjà à Jérusalem pour faire obstacle au mariage du "Rinaldo" de Haendel.

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Quand vous épongerez vos sueurs, le feu sans doute aura commencé à faiblir. A la lueur clignotante des braises moribondes, vous entendrez le doucereux madrigal des derniers foyers apaisés. La flamme caressante aura le goût du miel de Venise que Monteverdi, naguère, préparait .

Le tourment de mon cœur
est si doux
que je vis comblé
pour une cruelle beauté

Et la cruelle que j’adore
peut bien me refuser
un juste réconfort,
ma fidélité vivra
entre douleur infinie
et espoir trahi.


Salut à la France

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Il y a des saluts qu’il ne faudrait surtout pas oublier…

Nathalie Dessay – "La fille du régiment" de Gaetano Donizetti

drapeau-francaisCe billet était programmé pour le 11 novembre, et n’a pas été publié à cause d’une erreur de manipulation de ma part. Pardon!


La poésie

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Et ce fut à cet âge… La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d’où elle surgit,
de l’hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n’étaient pas des voix, ce n’étaient pas
des mots, ni le silence :
d’une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.
Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j’écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l’ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l’univers.
Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l’instar, à l’image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l’abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon cœur se dénoua dans le vent.

("Mémorial de l’île noire" 1964) – Traduction de Pierre Clavilier


Cordes et vent

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Il y a toujours une magie indéfinissable, pleine d’un irrésistible charme, dans le mariage des cordes et du vent.  Sans doute, ainsi posé, le constat appellerait-il à une échappée des sens vers les harmonies imaginaires composées par le vent jouant à travers les cordes d’une immense lyre offerte à sa caresse.

Mais, plus prosaïquement, – et sans lui ôter sa part de poésie – c’est l’union sonore de deux instruments issus de familles que tout oppose, qui intéresse le propos. Association surprenante parfois, des cordes "aristocratiques", féminines, riches d’un répertoire multiple venu d’un passé ancestral, et de l’instrument à vent, plus récent, plus populaire aussi par ses origines, exigeant souvent au premier abord, plutôt le bras du soldat portant le tuba que la main gracile effleurant la viole.

Faut-il, pour témoigner de la magie de cette union, rappeler le célèbre Concerto pour flûte et harpe de Mozart, ou les moins connus, peut-être, Octuor pour cordes et vents de Schubert, ou Septuor pour cordes et vents de Beethoven?

Plus près de nous, avec le jazz (guitare et saxophone par exemple) et surtout avec les musiques sud-américaines, le mariage "cordes-vent" a produit de merveilleux arrangements aux sonorités envoûtantes. Qui résisterait aux langueurs du bandonéon d’Astor Piazzola, quand, sensuellement, les cordes du violon viennent enlacer son souffle timide exhalant sa tristesse?

Les musiciens brésiliens, eux aussi, ont merveilleusement associé ces deux univers sonores dans une multitude de fééries mélodiques et rythmiques puisées le plus souvent dans les rues et les villages. Quand deux d’entre eux, formidables instrumentistes, se rencontrent pour mêler leur virtuosité et leurs histoires musicales chargées des sourires et du soleil des deux bouts du Brésil, nous ne saurions bouder notre plaisir. Il n’est pas si fréquent de voir s’accoquiner l’accordéon et la guitare, et si l’on peut penser à priori que ce mariage ressemble fort à celui de la carpe et du lapin, c’est que l’on ne prend pas en compte l’exceptionnelle qualité de nos invités… tout simplement parce qu’on ne les pas encore entendus :

Plaisir de jouer, joie de jouer ensemble, bonheur unique de partager !

A la guitare à 7 cordes : Yamandu Costa. Virtuose très précoce, il se consacre dès ses débuts aux musiques régionales du sud du Brésil, puis s’ouvre aux autres musiciens brésiliens comme Baden Powell ou Tom Jobim avant de s’intéresser aux autres formes musicales. Il n’en adopte aucune et n’entre dans aucune catégorie.

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A l’accordéon : Dominguinhos, décédé en juillet 2013, à 72 ans. Compositeur et accordéoniste particulièrement apprécié, formé aux musiques du nord du Brésil par le maître Luis Gonzaga. Ayant été musicalement exempté des influences européennes, africaines ou indiennes, Dominguinhos a développé un style propre de "Musique populaire brésilienne", reconnu et acclamé dans le monde entier.


Chanson des vieux cons

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Quand le titre est aussi explicite…

Vanessa Paradis chante la chanson de Benjamin Biolay, extraite du nouvel album

Love songs pochette

"Love songs"

[Couplet 1]
Tant qu’on ne sait pas qu’on ne sait rien
Tant qu’on est de gentils petits chiens
Tant que la petite santé va bien
On n’est pas la queue d’un être humain
Tant qu’on ne sait pas le coup de frein
Qui vous brûle à vif un jour de juin
Tant qu’on ne sait pas que tout s’éteint
On ne donne quasi jamais rien
Tant qu’on ne sait pas que tout éreinte
Tant qu’on ne sait pas ce qu’est la vraie crainte
Tant qu’on n’a jamais subi la feinte
Ou regarder pousser le lierre qui grimpe
Tant qu’on n’a pas vu le ciel déteint
Flotter le cadavre d’un humain
Sur un fleuve nu comme un dessin
Juste un ou deux traits au fusain

[Refrain]
C’est une chanson, une chanson pour les vieux cons
Comme moi petite conne d’autrefois
C’est une chanson une chanson qui vient du fond de moi
Comme un puits sombre et froid

[Couplet 2]
Tant qu’on ne sait pas qu’on est heureux
Que là-haut ça n’est pas toujours si bleu
Tant qu’on est dans son nuage de "beuh"
Qu’on ne se dit pas je valais mieux
Tant qu’on n’a pas brûlé le décor
Tant qu’on n’a pas toisé un jour la mort
Tant qu’on a quelqu’un qui vous serre fort
On tombe toujours un peu d’accord

[Refrain]
C’est une chanson, une chanson pour les vieux cons
Comme toi, petit con d’autrefois
C’est une chanson, une chanson qui vient du fond de moi
Comme un puits sombre et froid

[Couplet 3]
Tant qu’on ne sait pas ce qu’est la fuite
Et la honte que l’on sait qu’on mérite
Tant qu’on danse au bal des hypocrites
Qu’on n’a jamais plongé par la vitre
Tant qu’on n’a pas vu brûler son nid
En quelques minutes à peine, fini
Tant qu’on croit en toutes ces conneries
Qui finissent toutes par "pour la vie".


Danser et mourir

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Othello, le maure de Venise, manipulé par les fourberies de Iago furieux d’avoir été éloigné du pouvoir, finit par croire que Desdémone, sa jeune épouse, lui est infidèle. Il décide de la tuer.

Alessandra Ferri et Marcelo Gomes interprètent la scène dans une chorégraphie que Lar Lubovitch a écrite en 1997, à partir de la pièce de Shakespeare, sur une musique d’Elliot Goldenthal.

Exacerbation de la passion qui mène au drame, grandeur de la partition musicale qui le sous-tend, formidable sensualité des deux danseurs qui magnifie l’intensité tragique de l’instant, tout dans ce pas de deux conduit le spectateur à l’extase.

Quel bonheur de partager ici ce  moment d’une rare qualité!


La terre, la passion, le sang

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Noces livre FolioJe les ai vus. Ils seront bientôt là.
Deux torrents enfin calmes, entre
Les grandes pierres. Deux hommes
Entre les pattes du cheval.
Morts en cette belle nuit.
Morts, oui, morts.
[…]
Leurs yeux sont des fleurs déchiquetées,
Leurs dents, deux poignées de neige durcie.
Morts tous les deux. La robe de la mariée,
Sa belle chevelure, tout est taché de sang.
[…]
Sur la fleur de l’or le sable est tombé.

C’est avec ces mots de Federico Garcia Lorca que la Mendiante annonce à la Mère la mort de son fils et celle, simultanée, de son rival. Le drame des "Noces de sang" ("Bodas de sangre") atteint à son point culminant. Le théâtre est figé.

C’est cette histoire tragique, née au pays andalou, sur cette terre écrasée d’un soleil qui embrase les sangs, que j’ai voulu ce matin raconter à mes compagnons, les "Cosaques des frontières".  Et plus particulièrement, cette tragédie considérée au travers de la transcription que certains, cinéaste, danseur ou musicien, en ont fait.

Vision multiple du Sud, avec, pour exprimer les brûlures de la passion, les maîtres du Flamenco, et du cinéma espagnol.

Vision musicale du Nord avec l’œuvre récente d’un compositeur danois pour qui  la passion est moins exubérante, mais pas moins dramatique, et qui par le ton de son discours pose la distance qui sépare les terres brunes des terres blanches, comme une invitation à méditer, le temps du voyage, sur ce que nous sommes.

Nouvelle occasion de dire la sordide beauté du drame, de la voir, de l’entendre.

Un clic sur le titre ci-dessous conduit au billet :

Noces de sang

navaja

Un an déjà!

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"Il y a toujours quelque chose en nous que l’âge ne mûrit pas"    -  Bossuet

"Perles d’Orphée" a 1 an!

Pour fêter le premier anniversaire des "Perles", j’avais prévu d’inviter un kyrielle d’amis comme Mozart, Virgile, Élisabeth Vigée-Lebrun, Satchmo, Camille Claudel, la Tebaldi ou l’Orchestre Philharmonique de Berlin… Et tant d’autres. Mais très vite, j’ai dû me rendre à la raison, ma page ne pourrait pas tous les accueillir. Choisir dans la liste m’était impensable ; mieux valait oublier l’idée.

Pelemele

θ

Je décidai alors d’organiser une petite fête intime en invitant seulement un couple d’amis très proches avec qui nous aurions évoqué tous les absents – avec les mots de la dithyrambe, uniquement. Mais encore une fois il me fallut accepter l’évidence : Eurydice n’obtiendrait pas une seconde autorisation de sortie des Enfers, et Orphée ne viendrait pas sans avoir au préalable retrouvé la totalité de ses membres éparpillés par les cruelles Bacchantes. Et même si un seul… L’un sans l’autre…

Orphee par Luc-Olivier Merson (1846-1920) Eurydice par Luc-Olivier Merson (1846-1920)

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Qui donc alors allait venir sur cette page, avec une de ses perles, pour m’aider à remercier tous ceux qui, en un an, fidèlement ou occasionnellement, auront cliqué 46 000 fois sur les pages de ce blog pour partager près de 250 billets  inspirés par ma seule émotion? Tous ces visiteurs – vous tous – qui, par chacune de leurs visites, auront contribué à créer un incroyable flux relationnel de 800 commentaires publics – pour n’évoquer que ceux-là.

Mais Hiromi, bien sûr! Ma délicieuse petite "souris", grignoteuse d’ivoire, que vous connaissez déjà.

Pourquoi ne pas fêter l’évènement dans son

"Vieux château, près d’une rivière, au milieu de la forêt".

Château2

Venez! Allons-y tous! Elle sera notre fée, notre guide à travers les passages secrets et les portes qui grincent ; elle nous fera approcher le gros chat qui gronde et entrer dans le mystère des rythmes infernaux ; elle nous précipitera, pour de folles cavalcades enfantines, dans des escaliers vertigineux et nous perdra dans des dédales de couloirs inquiétants.

Venez! Venez tous! Glissons-nous dans la grosse boîte noire tant que son couvercle est levé! Comme Alice derrière son lapin, suivons notre "Jerry" dans la magie sonore de ce joyeux et virtuose voyage anniversaire!

Et si  les enfants que, par chance, nous sommes restés, se sentent parfois effrayés, la lumière de son sourire effacera leurs craintes.

Bon anniversaire "Perles" !

誕生日おめでとうございます "Perles" !


Miroirs de mort, les yeux

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"Elle s’est réfugiée dans la mort en fourrant sa tête dans un nœud coulant, comme on la cache sous un oreiller." (Boris Pasternak – Prix Nobel de littérature 1958)

Munch - Baiser de la Mort

Munch – Baiser de la Mort

Les yeux

Deux lueurs rouges — non, des miroirs !
Non, deux ennemis !
Deux cratères séraphins.
Deux cercles noirs

Carbonisés — fumant dans les miroirs
Glacés, sur les trottoirs,
Dans les salles infinies —
Deux cercles polaires.

Terrifiants ! Flammes et ténèbres !
Deux trous noirs.
C’est ainsi que les gamins insomniaques
Crient dans les hôpitaux : — Maman !

Peur et reproche, soupir et amen…
Le geste grandiose…
Sur les draps pétrifiés —
Deux gloires noires.

Alors sachez que les fleuves reviennent,
Que les pierres se souviennent !
Qu’encore encore ils se lèvent
Dans les rayons immenses —

Deux soleils, deux cratères,
— Non, deux diamants !
Les miroirs du gouffre souterrain :
Deux yeux de mort.

                    30 juin 1921. Marina Tsvetaeva

Gauguin - Madame la Mort

Gauguin – Madame la Mort

la plus belle victoire
sur le temps et la pesanteur
c’est peut-être de passer
sans laisser de trace
de passer sans laisser d’ombre.


Nous l’appellerons toujours Mimi

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"… Et depuis un an, pas une "perle" de la Tebaldi dans ces pages gorgées de merveilleuses musiques… et de femmes charmantes [...]  Pourquoi? "Ne voulais-tu pas l’inviter à l’anniversaire de ton blog? Peut-être vas-tu enfin te décider à la faire apparaître ici pour le plus grand plaisir de tous…" 

Voilà ce que m’écrivait tout récemment l’un de mes tout proches amis. Ce billet me servira donc de réponse :

Mon cher Gérard,

C’est toute la question du choix des thèmes des billets publiés sur "Perles" que tu poses ici. Comme tu le sais mes sélections d’articles n’obéissent à aucune organisation rationnelle ; seules l’émotion, l’envie spontanée, les rencontres du moment ou autres circonstances imprévisibles guident mes billets. Comme ça vient, comme je le ressens, ici et maintenant.

Renata-Tebaldi----DECCABien sûr, mon admiration pour La Tebaldi est immense… et tu le sais fort bien. Comment pourrait-il en être autrement, quand on aime, comme je les aime, les voix féminines… et la beauté de celles qui les font vibrer?

Ton message a été l’occasion pour moi de me concentrer ces temps derniers sur les enregistrements de Renata Tebaldi, de tomber, évidemment, mille fois sous le charme de cette voix sublime, pas toujours servie, hélas, par les prises de son audio ou vidéo, époque oblige.

Je n’ai connu la Tebaldi qu’au disque, et de façon distraite alors, je l’avoue, car à la grande époque de cette splendide voix, c’est mon père qui écoutait. Moi je ne faisais qu’entendre, d’assez loin en vérité. Mais avec les années… Ah! si jeunesse savait…

Mon plaisir aujourd’hui est comblé de pouvoir partager ici cet enchantement. Merci de m’avoir "forcé la main", en me suggérant ce billet qui, de toutes façons, n’aurait pas pu ne pas exister.

J’ai choisi, parmi les choix limités du web, la splendide interprétation de "Si, mi chiamano Mimi" ("La bohème" de Puccini) que la Tebaldi chante en compagnie du ténor suédois Jussi Bjorling qui fut souvent son partenaire.

L’enregistrement est de 1956, les costumes, les décors et la mise en scène datent certes, mais la voix est éternellement belle à pleurer. Et, à mon avis, dans ce rôle – comme dans bien d’autres d’ailleurs – inégalée, malgré les Joan Sutherland, Mirella Freni, Renée Fleming… ou autres merveilleuses cantatrices qui lui ont succédé.

Laissons couler le miel dans nos oreilles et jusqu’au fond de l’âme. Le bonheur!

Et nous l’appellerons toujours Mimi

Rodolfo resté dans sa mansarde pour terminer l’écriture d’un article pendant que ses amis l’attendent dans la rue, reçoit la visite d’une voisine. Elle a besoin de feu pour rallumer sa modeste chandelle. Il tombe aussitôt amoureux et déclare sa flamme soudaine à celle qu’il vient de rencontrer et qu’il presse de lui dire qui elle est.

Elle lui répond :

On m’appelle Mimì,
Mais mon vrai nom est Lucia.
Mon histoire est brève.
Sur de la toile, sur de la soie,
Je brode chez moi ou dehors.
Je suis tranquille et heureuse.
Mon passe-temps,
c’est faire des lys et des roses.
Elles me plaisent, ces choses
qui ont ce charme si doux,
qui parlent d’amour, de printemps,
de songes et de chimères :
ces choses que l’on nomme poésie.
Me comprenez-vous?

On m’appelle Mimì,
Et j’en ignore le pourquoi.
Seule, je me prépare
pour moi-même mon déjeuner.
Je ne vais pas toujours à la messe,
Mais je prie beaucoup le Seigneur.
Je vis seule, toute seule.
Depuis une petite chambre blanche,
Je regarde les toits et le ciel.
Mais lorsqu’arrive le dégel
Le premier soleil est à moi,
Le premier baiser d’avril est à moi.
Quand bourgeonne une rose dans un vase,
Feuille après feuille, je la guette.
Comme il est léger, le parfum d’une fleur !
Mais les fleurs que je fais,
Hélas !, n’ont pas d’odeur.
Je ne saurais vous en dire davantage sur moi.
Je suis votre voisine
Qui, à une heure indue, vient vous importuner

(traduction texte : Wikipédia)


Oh! Dis papa, dis, joue moi-z-en…

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… De la trompette!

Quand j’étais, dans un passé lointain – dont il vaut mieux éviter d’évaluer la distance qui le sépare de ce jour – un petit garçon un peu bougon et capricieux, mon père, pour me dérider, me prenait sur ses genoux et scandant la mesure avec ses pieds – ce qui  très tôt me fit connaître les joies du trot – me chantait cette vieille chanson que Milton avait déjà mise à la mode bien des années plus tôt :

Oh ! dis, papa, Oh ! joue moi-z-en
D’la trompette,
D’la trompette
Comme ce doit être amusant
Joue moi-z-en, Oh ! dis joue moi-z-en
Il s’excusait en lui disant
D’un air bête,
Je l’ regrette
Mais j’ n’en joue pas j’ vais t’ dir’ pourquoi
Je suis un trompette en bois.

&

Quelques années plus tard, la trompette prit pour moi d’autres accents, beaucoup moins joyeux, hélas, comme ceux-là :

&

Et la trompette est devenue celle qui me ravit aujourd’hui, que Maurice André m’a fait aimer – pouvait-il en être autrement?  J’en  redemande, encore et encore, à la ravissante Alison Balsom qui désormais progresse sans cesse sur les traces du Maître.

Vous pourriez bien, vous aussi, y prendre goût… et dire :

"Oh!  Alison, rejoue-nous-z-en"! "D’ la trompette…"

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Deux cadeaux de Noël

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L’histoire se passe dans un pays inconnu, mais pas si lointain, en des temps… pas si anciens qu’on pourrait le penser.

Un homme d"âge avancé, veuf et père de deux adolescents, souhaitait, malgré l’extrême modestie de ses moyens, offrir un beau cadeau de Noël à chacun de ses fils, très différents l’un de l’autre. L’aîné, peu porté au sourire et à l’optimisme, avait plutôt une fâcheuse tendance à la bouderie, voyant partout le malheur du monde ; le plus jeune prenait, pour sa part, la vie par ses meilleurs côtés, lui souriant sans cesse.

Ayant réuni ses pauvres économies et emprunté les quelques sous manquants à des voisins bienveillants, l’homme partit d’abord acheter le cadeau pour son aîné. Il trouva une très jolie montre d’occasion, la fit empaqueter comme il se doit, et la paya.

CadeauSorti de l’horlogerie, il se rendit compte que toute sa petite fortune était passée dans ce premier achat pour son fils pessimiste, et qu’il n’avait désormais plus de quoi payer le second cadeau destiné au cadet. Alors qu’il cherchait une façon de régler ce délicat problème, il avisa, quelques pas devant lui, un âne attelé à une petite charrette, qui lâchait son crottin sur le pavé. L’idée fusa. Il se précipita sur les déjections de l’animal et en rassembla les plus beaux morceaux dans son journal, avant de les disposer dans un papier argenté qu’il trouva dans une poubelle. Un ruban rouge, de la même origine, transforma le paquet en cadeau.

Il plaça les deux cadeaux au pied de l’arbre de Noël. La distribution eut lieu après le frugal dîner de la petite famille. L’aîné ouvrit son paquet, et, sans commentaire ni expression d’une quelconque satisfaction, partit se coucher.

Le lendemain matin, une voisine rencontra les deux garçons et avisant d’abord le plus âgé, demanda :

- En voilà une bien jolie montre, tu dois être heureux de ce formidable cadeau?

- Bô, non!

- Et pourquoi donc?

- Parce que, répondit-il tristement, à chaque fois que je regarde mon poignet, je vois défiler les secondes, les minutes et les heures, et que tout ce temps qui passe me rapproche de la vieillesse et de la mort.

Alors, s’adressant au plus jeune, la voisine demanda :

- Et toi, qu’as tu reçu comme cadeau?

- Oh! Moi j’ai eu un cheval! Répondit le garçon, joyeusement, mais il a préféré la liberté.

Δ

Tiré, à la manière des "Menteurs", des "Contes philosophiques du monde entier"  de Jean-Claude Carrière


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